Bretagne et Grand Ouest

Comme tous les ans, le comité de Rennes du Mouvement de la Paix participé au défilé du 1er mai.

Avant le départ du défilé qui a rassemblé entre 2000 à 3000 personnes trois organisations ont pris la parole: la CGT, Force Ouvrière, et le Mouvement de la paix.

Voici le texte élaboré par le comité de rennes et l’intervention lue par Roland Nivet au titre du Mouvement de la paix. (A noter que les paragraphes en bleus n’ont pas été lus pour raccourcir un peu l’intervention et parce que ces questions étaient traitées dans le tract distribué.)

Intervention du Mouvement de la paix à Rennes lors du 1 mai 2014

Texte lu par Roland NIVET

Le Mouvement pacifiste et le mouvement syndical ont de solides traditions de luttes communes qui se sont forgées au cours du temps dans l’action en faveur de la paix, du désarmement, du droit des peuples, pour l’élimination des armes atomiques. Il est nécessaire de poursuivre ces luttes communes et de les amplifier.

Nous avons demandé à prendre la parole car la situation mondiale est lourde de dangers pour la paix.

Une situation mondiale dangereuse, malgré des potentialités énormes. Les problèmes qu’affronte l’humanité sont graves: conflits sans fin, prolifération des armes, y compris nucléaires, atteintes à l’environnement, réchauffement climatique, mauvaise gestion des ressources vitales, malnutrition et épidémies… Cependant, jamais l’humanité n’a autant qu’aujourd’hui disposé de moyens pour résoudre ces problèmes et créer les conditions afin que chaque être humain puisse vivre en paix et en sécurité (sécurité physique, sociale, médicale, nutritive et environnementale).

La crise actuelle est grave. Le mode de production capitaliste est en pleine dérive financière et spéculative. La mondialisation néolibérale des économies a accentué la fracture entre riches et pauvres au sein des sociétés et entre les pays. La recherche du profit à tout prix et la volonté des puissants de contrôler les richesses de la planète entretiennent la course aux armements et le commerce des armes, pérennisent le sous-développement, alimentent les tensions sur la planète, condamnent des populations entières à l’exil et entendent imposer aux peuples des régressions sociales et humaines intolérables.

Cette grave crise économique et financière peut entraîner une déstabilisation mondiale, dangereuse pour la paix du monde, d’autant que cette situation s’accompagne d’une volonté de remilitarisation des relations internationale sous la pression de certains gouvernements dont ceux engagés dans l’OTAN. Ainsi, comme l’a rendu public le 14 avril, le SIPRI, Institut international su la paix de Stockolm, les dépenses militaires mondiales ont doublé en 12 ans passant de 850 milliards de dollars en 2002 à 1750 milliards en 2013.

En France, la loi de programmation militaire prévoit de dépenser 193 milliards d’euros pour les dépenses militaires pour les 6 années à venir dont 23 milliards pour les armes nucléaires, alors que les budgets consacrés aux sports, à la jeunesse, à l’éducation populaire et à la vie associative sur la même période s’évaluent à 4,9 milliards d’euros.

Dans ce contexte, les engagements pris par les chefs d’État en l’an 2000 et réaffirmés en 2005 pour atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) destinés à réduire de moitié la pauvreté dans le monde, ne sont pas tenus. Cette situation qui plonge plus d’un milliard d’habitants de la planète dans l’extrême pauvreté, est un facteur majeur d’insécurité sociale, de violences de toutes sortes et de conflits armés. En effet, le sous-développement, la misère, le chômage, les injustices, le manque de démocratie, l’analphabétisme, l’obscurantisme constituent le terreau d’où surgissent les haines, les idéologies d’extrême droite et les affrontements qui mettent en cause la sécurité des peuples et la paix mondiale.

Les politiques d’austérité et de restrictions que LE FMI, la banque mondiale, la banque centrale européenne veulent imposer aux peuples, avec le relais et la complicité des gouvernements nationaux mais aussi des politiques conduites par l’Union Européenne contribuent à cette insécurité et peuvent mettre gravement en danger la paix en mettant les peuples et les individus en concurrence les uns envers les autres et en cherchant à résoudre les crises locales ou internationales par la guerre plutôt que par la diplomatie et la mise en œuvre de politiques de prévention des conflits.

Au plan mondial de nombreuses voix alertent sur ces dangers.

Ainsi l’historienne Lacroix Riz, spécialiste de la seconde guerre mondiale, dans une conférence donnée à Montpellier estime qu’il y a aujourd’hui des phénomènes qui ressemblent comme deux gouttes d’eau, à ce qui s’est passé en 1931 et estime qu’aujourd’hui le capitalisme a besoin de guerre et que ce risque est important sauf si les peuples se mobilisent pour faire prendre en compte leurs besoins.

Dans un autre registre à l’occasion de la commémoration de la révolution des œillets au Portugal,le colonel Vasco Lourenço Président de l’association du 25 avril au Portugal a déclaré il y a quelques jours indique: « Les peuples d’Europe doivent prendre conscience et se rassembler sinon nous verrons l’extrême droite continuer de progresser. Si rien ne change il y aura une guerre globale. Tous les symptômes sont là. »

Heureusement les luttes des peuples ouvrent la porte à l’espoir. Grâce aux luttes, des résultats ont été obtenus en matière de droit international et dans le domaine du droit de l’homme à la paix comme l’attestent l’adoption par les Nations Unies, à l’instigation de l’UNESCO, du programme pour la promotion d’une culture de la paix.

En matière de désarmement nucléaire, des avancées ont été obtenues. Actuellement à New York à une conférence sur le désarmement nucléaire une vaste alliance internationale (les ONG dont la Croix Rouge internationale et les mouvements de paix dont le Mouvement de la Paix, mais aussi les institutions internationales dont l’ONU, 158 états, les organisations syndicales, les réseaux mondiaux d’élus et de parlementaires) agit pour une convention internationale d’interdiction des armes nucléaires.

Mais au-delà et plus largement pour construire la paix, il faut changer de logique.

En effet la paix et le développement dans la justice sont des défis à relever qui impliquent la remise en cause des choix actuels des institutions financières économiques et politiques (FMI, banque mondiale, BCE, et leurs relais nationaux).

La prévention des conflits, la lutte pour la paix sont indissociables du développement économique et social de tous, de la lutte pour le plein emploi, pour un partage équitable des ressources et des richesses, de la justice, de l’égalité de la démocratie, du droit au logement, le droit à un toit dirons-nous; mais aussi le droit à une mobilité librement consentie sont autant de conditions pour le respect de la dignité de chaque individu et du droit de chacun de vivre dignement.

La voie à suivre c’est de travailler à la convergence de nos luttes, car les luttes pour la paix et pour le progrès social sont intimement liées. Ainsi sur la base d’une répartition équitable des ressources et des richesses pourraient être mises en œuvre des coopérations économiques, sociales et culturelles qui favorisent le développement, la création d’emplois ainsi que la solidarité et la compréhension entre les peuples. Ce sont des exigences économiques, sociales, culturelles mais aussi des nécessités pour la Paix.

 

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