Bretagne et Grand Ouest

Voici le communiqué de presse issu du comité nationale du Mouvement de la Paix le 6 mars 2014 concernant la situation en Ukraine:

Cesser l’escalade de la violence
Donner la parole au peuple Ukrainien

On ne saurait sous-estimer l’extrême gravité de la situation actuelle, par les risques d’escalade qu’elle comporte, permettant de redouter les pires catastrophes.

En Ukraine les oligarchies au pouvoir depuis près de 20 ans se sont fortement enrichies grâce aux politiques néolibérales soutenues tant par l’UE que par la Russie; ceci au détriment de la population qui est l’une des plus pauvres d’Europe avec un SMIC à 60€ et un salaire moyen de 210€ (soit 8 fois plus faible que la moyenne européenne).

L’inflation y est importante et la corruption de l’appareil d’Etat est omniprésente. La population manifeste depuis plusieurs mois pour protester contre cette situation désastreuse. Sur ce terreau de misère et de révolte, la mouvance néo-nazie a infiltré les manifestants de la place Maïdan et a récupéré la vague de contestation en la radicalisant et alimentant la violence qui a provoqué la mort de près de 100 personnes. Ces partis politiques de droite extrême, Pravyl sector et Svoboda participant au nouveau gouvernement, sans se démarquer des oligarchies, ont imprimé immédiatement leurs références idéologiques dans les premières lois adoptées1.

Si la toile de fond de cette zone sous haute tension est éminemment économico-stratégique, qui est le théâtre de la confrontation des intérêts des acteurs occidentaux (Union Européenne, USA) avec ceux de la Russie2, c’est une évolution militarisée qui est redoutée aujourd’hui. Si la révolte populaire s’est cristallisée suite au refus, par les Président et gouvernement alors en place, de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Ukraine3, elle est aujourd’hui étouffée par le jeu des puissances. Dans cette confrontation le peuple ukrainien est pris en otage. Ce n’est pas tant à un retour à la « guerre froide » auquel nous assistons mais à un conflit au sein du G8 entre, d’une part, les États-Unis, appuyés par l’UE et servis par l’OTAN, et, d’autre part, la Russie, pour sauver ou conquérir leur place parmi les puissances mondiales. L’OTAN qui aurait dû être dissoute comme l’a été le Pacte de Varsovie après la disparition de l’URSS, cherche à accroître encore plus sa zone d’influence.

Dans ce climat international tendu, méfions-nous de la stigmatisation de la stigmatisation de la stigmatisation médiatique quasi unanime pour condamner la seule Russie.

Les pacifistes doivent faire entendre leurs voix qui s’inscrivent dans les principes de la charte de l’ONU. Le droit international institué par la Charte des Nations Unies interdit en son article 2.4 non seulement le recours à l’usage ou à la menace de la force dans les relations internationales, mais l’atteinte de quelque manière que ce soit à l’indépendance d’un État. Ainsi le fil conducteur de ce droit international est le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et la solution pacifique de leurs différends.

L’issue ne peut donc pas être dans une escalade d’interventions extérieures guidées par les intérêts des puissances, mais dans la mise en œuvre du droit du peuple ukrainien à sa libre disposition. Cela suppose l’arrêt immédiat de l’escalade, la protection des populations d’Ukraine à l’est comme à l’ouest, et l’organisation de négociations sous l’égide du Conseil de Sécurité des Nation Unies4.

Au-delà de ce préalable, une fois les tensions apaisées, l’organisation d’élections libres et démocratiques (notamment du parlement) doit être programmée de telle sorte à permettre l’émergence d’un véritable projet de société au service des droits, de la justice, de la démocratie et de la paix.

Le Mouvement de la Paix, Saint-Ouen, le 6 mars 2014 (contact: 06 64 39 43 75).

 

  1. Annulation de la loi interdisant la propagation du nazisme; interdiction des langues de minorité nationale (dont le russe)
  2. Les voyages successifs de responsables politiques occidentaux, dont des français, à Kiev concourent à casser les relations multiséculaires entre l’Ukraine et la Russie. Moscou y voit sans nul doute qu’une provocation surtout lorsque les bases militaires de Crimée sont en jeu.
  3. Parmi les éléments de l’accord qui n’a pas été signé: Ouverture aux capitaux européens, mise en conformité des voies ferrées avec celles d’Europe (mais de fait en rupture avec le système de voies ferrées de Russie); absence de clauses d’intégration des citoyens ukrainiens dans l’UE.
  4. Il dispose de la compétence du maintien ou du rétablissement de la paix selon l’article 24.1 de la Charte.
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