Bretagne et Grand Ouest

Déclaration du Mouvement de la Paix à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes


Le Mouvement de la Paix appelle à la mobilisation nationale et mondiale pour dire STOP aux violences et crimes sexistes à l’égard des femmes

stop aux violences faites aux femmes

Le mouvement féministe est l’un des mouvements qui a le plus marqué depuis 70 ans les luttes sociales en France et dans le monde, à travers ses luttes contre les discriminations dont étaient (et sont encore) victimes les femmes, en gagnant de nouveaux droits, en mettant en avant l’urgence de mettre fin aux violences à l’égard des femmes et des filles et en exigeant des politiques publiques à la hauteur de cet enjeu. Dans le même temps, des forces et des mentalités rétrogrades tentent en de nombreux pays de remettre en causes les avancées conquises par les femmes.

En France, pays pourtant classé parmi ceux qui respectent le mieux au monde les droits des femmes, 118 femmes sont mortes en 2022 sous le coup de leur conjoint ou ancien compagnon (chiffre du Ministère de la Justice), la gendarmerie ayant enregistré 244 000 plaintes de victimes des violences conjugales, une hausse de 15 % par rapport à l’année 2021, ce qui représente le double par rapport à l’année 2016.

Il ne s’agit donc plus uniquement de protéger, en les écartant de leurs agresseurs, les femmes parmi lesquelles 90 000 victimes de viol chaque année en France, mais d’endiguer et de prévenir ce « mal endémique », comme observe dans son communiqué du 24 novembre 2023 le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Il est urgent de protéger, en somme, toute la société de “backlash” (« retour de bâton »), c’est-à-dire de l’action des mouvements conservateurs anti-droits en réponse aux avancées des droits des femmes, mouvements parfaitement organisés et financés comme l’ont récemment alerté Equipop[1] et la Fondation Jaurès.

Dès le 23 janvier 2023 « Le Baromètre du sexisme » du Haut Conseil à l’Egalité a publié les chiffres glaçants des violences sexistes qui progressent, notamment auprès des jeunes générations, en dépit d’une sensibilité plus grande aux inégalités depuis « #MeToo » : banalisation des contenus sexistes sur les réseaux, violences sexuelles, efforts insuffisants de la part des pouvoirs publics, affirmation d’une sphère masculiniste et antiféministe entrainant l’aggravation des manifestations les plus violentes du sexisme en France et dans le monde.

Un peu partout et dans de trop nombreux pays, les conflits, les guerres, en Ukraine, entre Israël et le Hamas, en Syrie, au Yémen, en République Démocratique de Congo… La répression violente à l’égard des femmes privées de leurs droits fondamentaux en Afghanistan ou en Iran…  Les migrations forcées, les privations subies par les populations civiles et les changements climatiques affectent de manière disproportionnée les femmes. Ils laissent le champ libre aux viols comme arme de guerre, à l’exploitation sexuelle tout en faisant peser sur les femmes la lourde responsabilité d’assurer, pendant que les hommes font ou sont poussés à faire la guerre, la survie des enfants, loin de leurs foyers réduits en ruines. SelonAntonio Guterres, le Secrétaire Général de l’ONU, au rythme des progrès actuels, il faudra encore patienter 300 ans pour mettre un terme à un patriarcat bien ancré sur les cinq continents (Cf. 67e session de la Commission de la condition de la femme (CSW67) au Siège des Nations Unies à New York, 6 mars 2023).

Et tandis que la nouvelle Loi de Programmation Militaire (LPM) porte à 413 milliards d’euros le budget militaire pour la période de 2024-2030, doublant le crédit consacré aux armes nucléaires, le nouveau rapport de la Fondation des femmes dénonce le sous-investissement de l’Etat pour lutter contre les violences sexuelles et conjugales. Alors que les besoins atteignent selon la Fondation entre 2,6 et 5,4 milliards d’euros (à peine 1,3 % de la somme allouée aux dépenses militaires), l’Etat sur la même période, n’aura dépensé que 118,4 millions d’euros.

La Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes est une occasion de rappeler que l’égalité de genre est non seulement un droit fondamental mais aussi un enjeu de développement et de paix dans le monde. C’est la condition sine qua non pour la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), comme le souligne, dans son récent rapport, l’Institut du Genre en géopolitique.

En référence au cinquième domaine d’action de la Culture de la Paix qui est d’«assurer l’égalité entre les hommes et les femmes », et à son projet Triennal du Congrès de Tour du 20 novembre 2022, le Mouvement de la Paix appelle à dire haut et fort « Stop à toutes les formes de violences faites aux femmes ! » Il est urgent d’inverser la tendance en rejoignant, partout en France, la mobilisation portée par le Collectif #NousToutes contre les violences du genre, sociales et d’Etat et par plein d’autres collectifs, associations, organisations. 

Le Mouvement de la Paix appelle également à participer au niveau international, à la campagne « Orangez le monde » – Orange the World[2], 16 jours d’activismes contre les violences basées sur le genre, menée par l’ONU Femmes pour prévenir et éliminer les violences faites aux femmes et aux filles qui se déroule, chaque année, du 25 novembre (Journée internationale de l’élimination des violences faites aux femmes) au 10 décembre (Journée des droits humains).

Parce que dans le contexte des guerres et des violences qui se multiplient, il est plus que jamais urgent, et de la responsabilité de tous, de défendre le droit des femmes à la vie, au respect, à la Paix, le Mouvement de la Paix s’associe à l’appel à la mobilisation du 25 novembre de la Marche Mondiale des Femmes (MMF) et soutien les forces féministes qui militent pour des « changements politiques, économiques et sociaux », pour le respect pour toutes les femmes des mêmes droits économiques que ceux accordés aux hommes, pour le respect des droits humains, de la Convention d’Istanbul… Pour un monde de justice et de paix.

A Paris, le samedi 25 novembre 2023
Le Mouvement de la Paix


[1] Equipop : https://equipop.org/

Pour info, Exposition « Femmes ambassadrices de Paix » : www.mvtpaix.org/wordpress/exposition-femmes-ambassadrices-de-paix/

[2] Orange the world : www.unwomen.org/fr/what-we-do/ending-violence-against-women/unite/orange-the-world

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