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Article publié dans Ouest France le 5 aout 2017 :

Armes nucléaires : un pas vers l’élimination

Point de vue. Par Roland Nivet, Co-secrétaire du Mouvement de la paix, délégué à la conférence mondiale contre les bombes A et H, à Hiroshima du 5 au 9 août.

Roland Nivet.

Roland Nivet parle à HiroshimaLe 7 juillet, les Nations Unies ont approuvé un traité d’interdiction des armes nucléaires. Elayne Whyte Gómez, la présidente costaricaine de la conférence des Nations unies sur l’interdiction des armes nucléaires, a indiqué : « C’est un moment historique, c’est le premier traité multilatéral de désarmement nucléaire à être conclu en plus de vingt ans. »

Ce traité affirme que les armes atomiques constituent un risque majeur de catastrophe humanitaire. Il interdit à tout État de s’engager dans le développement, le test, la production, la fabrication, l’acquisition, la possession ou le stockage d’armes nucléaires. Les interdictions s’appliquent également à tout engagement visant à utiliser ou à menacer d’utiliser des armes nucléaires.

C’est un succès incontestable à mettre à l’actif des actions qui, depuis les années 1950, ont mobilisé des dizaines de millions de personnes. Il ne faut ni sous-estimer le succès que constitue ce traité ni sous-évaluer la détermination du complexe militaro-industriel et des neuf États possédant l’arme nucléaire (184 n’en possèdent pas) à retarder sa mise en œuvre, comme ils s’y sont employés en boycottant depuis quatre ans les conférences sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires.

Par contre, il convient d’apprécier la déclaration positive de la Chine à Genève en faveur de l’élimination de ces armes. Le droit international ayant posé le principe de l’illégalité des armes nucléaires, c’est le calendrier de leur élimination qui est maintenant à l’ordre du jour.

Armes nucléaires : un pas vers l’élimination

17 000 bombes dans le monde

La France, face à cette situation nouvelle, doit respecter les engagements qu’elle a pris à travers l’article 6 du TNP (Traité de non-prolifération nucléaire) qui stipule : « Chacune des parties au traité s’engage à poursuivre de bonne foi des négociations sur des mesures efficaces relatives à la cessation de la course aux armements nucléaires à une date rapprochée et au désarmement nucléaire. »

La même décision s’impose aux autres États possédant l’arme nucléaire, lesquels ne cessent de violer le TNP, tout en réclamant son respect par l’ensemble des autres pays. Si la politique de la Corée du Nord doit être condamnée, cet État ne dispose que de cinq à dix bombes, alors que les huit autres États en détiennent 17 000 dont 8 000 par les États-Unis, 7 300 par la Russie, 300 par la France, 250 par la Chine, 200 par la Grande-Bretagne, 110 par le Pakistan, 100 par l’Inde, 80 par Israël.

Aussi, la France serait-elle bien inspirée de ratifier au plus tôt ce traité et de geler les programmes de modernisation des armes nucléaires pour lesquels il est prévu de doubler les crédits dans le budget national.

Un tel acte placerait la France dans une position favorable pour exiger des autres États possédant des armes nucléaires, et en particulier des deux principales que sont les États-Unis et la Russie, qu’ils ratifient le traité et gèlent immédiatement tous leurs programmes de modernisation.

Bien sûr, l’engagement des citoyens et des sociétés civiles sera nécessaire pour accélérer le processus qui doit conduire de l’interdiction à l’élimination.

Il y a urgence, avant que ne survienne une catastrophe humanitaire irrémédiable pour l’humanité.

Armes nucléaires : un pas vers l’élimination

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