Bretagne et Grand Ouest

Logo France 24Publié dans France 24 le 6 mai 2013: « La Marine en quête des débris ‘secret défense’ du missile M51 détruit en vol »

 

« La Marine en quête des débris « secret défense » du missile M51 détruit en vol »

sous-marin nucléaire

L’explosion en plein vol dimanche au large de la Bretagne d’un missile M51 tiré d’un sous-marin nucléaire – un incident classé « secret défense » – devrait faire l’objet d’une enquête minutieuse de la Marine nationale qui mettait en oeuvre lundi de lourds moyens pour retrouver les débris de l’engin, fer de lance de la force de dissuasion nucléaire française. (Image de France 24)

AFP – L’explosion en plein vol dimanche au large de la Bretagne d’un missile M51 tiré d’un sous-marin nucléaire – un incident classé « secret défense » – devrait faire l’objet d’une enquête minutieuse de la Marine nationale qui mettait en oeuvre lundi de lourds moyens pour retrouver les débris de l’engin, fer de lance de la force de dissuasion nucléaire française.

Le tir technique du M51 – comme toujours sans têtes nucléaires – devait permettre de valider la capacité du sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE) « Le Vigilant » (basé à l’Île Longue, dans la rade de Brest) à le mettre en oeuvre.

« Depuis hier, des vols ont été réalisés sur zone par des avions de patrouille maritime et des hélicoptères mais aucun fragment n’a été aperçu en surface », a expliqué à l’AFP l’enseigne de vaisseau Thierry Maguet de la préfecture maritime de l’Atlantique, au lendemain de l’explosion du missile, dans la baie d’Audierne, à 25 km des côtes finistériennes.

« Maintenant, les opérations s’orientent vers des recherches sous-marines », a-t-il ajouté, alors que les débris du missile de 12 m de haut et 56 tonnes pourraient reposer par 100 m de fond.

Dans la soirée était attendu sur zone le bâtiment de soutien et d’assistance Argonaute, avec à son bord une équipe du CEPHISMER (Cellule plongée humaine et intervention sous la mer) venant de Toulon et emmenant le robot sous-marin télé-opéré Ulisse.

Manifestation à Penmarc'h

Plusieurs dizaines de personnes ont par ailleurs manifesté dans l’après-midi contre le programme des M51 au pied du phare d’Eckmühl, à Penmarc’h, où a été déployé le système électronique de surveillance du tir, a constaté l’AFP. (Image de France 24)

Le bâtiment hydrographique Borda, muni d’un sonar, était également attendu dans la soirée, selon la préfecture.

Trois autres navires, dont le chasseur de mine Cassiopée et le remorqueur de sonar Altaïr, se trouvaient déjà sur place, où une zone réglementée à la navigation a été instaurée.

Le dispositif de recherche déployé témoigne de l’importance de la force océanique stratégique française (FOST), l’un des deux piliers de la dissuasion nucléaire française avec la composante aéroportée. Pourtant, selon les milieux de la défense, cet échec n’entame pas sa crédibilité. Le M51 avait été tiré cinq fois auparavant avec succès, dont deux fois à partir d’un SNLE, Le Terrible, souligne-t-on. Selon la Défense, le missile est « sorti normalement » dimanche du Vigilant, avant de s’autodétruire.

Durant la mise au point de la génération de missiles précédente, le M45, « il est arrivé que des tirs techniques n’aboutissent pas », rappelle-t-on dans les milieux de la défense, en soulignant que les autres pays dotés de l’arme nucléaire connaissent ce type de contretemps.

L’échec du tir survient moins d’une semaine après la publication du Livre blanc 2013 qui confirme la dissuasion nucléaire comme l’un des piliers de la défense nationale. La destruction du missile, d’un coût de 120 millions d’euros, intervient également au moment où la Défense est soumise à de strictes contraintes budgétaires.

Aucune explication technique de l’échec du tir n’était disponible lundi, selon la Défense. Et Astrium, la division espace du groupe EADS, qui produit le M51, s’est refusée à tout commentaire.

Selon des sources proches du dossier, les résultats de l’enquête qui réunit les parties concernées (Direction générale de l’armement, industriels, Marine…) ne devraient pas être rendus publics, ce qui touche à la dissuasion nucléaire étant classé « secret défense ». Parallèlement aux recherches en mer, les enquêteurs doivent dépouiller les paramètres enregistrés lors du tir et de la destruction du missile, moins d’une minute après.

L’enquête devra fournir des indications sur la suite des tirs de validation. Après celui de dimanche, le Vigilant a regagné comme prévu sa base, selon une source de la défense. La composante maritime de la dissuasion, considérée comme la plus fiable, repose sur un parc de quatre SNLE, pour permettre à la France d’avoir en permanence en mer un sous-marin équipé de missiles à charges nucléaires.

Le M51 doit également équiper les deux autres SNLE français, « Le Triomphant » et « Le Téméraire », chaque sous-marin pouvant embarquer 16 missiles.

Plusieurs dizaines de personnes ont par ailleurs manifesté dans l’après-midi contre le programme des M51 au pied du phare d’Eckmühl, à Penmarc’h, où a été déployé le système électronique de surveillance du tir, a constaté l’AFP.

 

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