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logo d'Ouest FranceLibre reflexion de Roland Nivet co-secrétaire national du Mouvement de la paix dans Ouest France du 26 mai 2016

Du 26 mai 2016 – Reflexions
Un traité pour interdire les armes nucléaires

Roland Nivet, co-secrétaire national et porte-parole du Mouvement de la Paix

Roland Nivet, co-secrétaire national et porte-parole du Mouvement de la Paix

À Hiroshima, le 11 avril, John Kerry a plaidé pour un monde sans armes nucléaires.

Cette fin de semaine, Barack Obama va effectuer une visite historique à Hiroshima, une première pour un président américain, à l’occasion du sommet du G7 qui se tient au Japon.

Il est réjouissant que la première puissance nucléaire mondiale réitère les propositions contenues dans le discours du président Obama à Prague, le 5 avril 2009. Cette bonne nouvelle récompense les actions multiformes conduites à travers le monde tant par les citoyens, et en premier lieu les survivants d’Hiroshima et de Nagasaki (les hibakusha en japonais), que par les maires à l’instigation de leurs collègues d’Hiroshima et de Nagasaki, les parlementaires, les chefs d’État, les responsables d’ONG, etc.

Cependant, il eut été préférable qu’une telle intention se soit traduite par des propositions concrètes à New York, en 2015, lors de la dernière conférence d’examen du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) ou dans une instance légitime en termes de droit international plutôt qu’en marge d’un G7.

Chacun sait que toute utilisation des armes nucléaires aurait des conséquences humanitaires et environnementales catastrophiques.

À cet égard, il est regrettable que la France et les autres puissances nucléaires (dont les États-Unis, qui pratiquent le grand écart entre leur pratique et leur discours), jouent de nouveau la politique de la « chaise vide » en ne participant pas au « groupe de travail à composition non-limitée chargé de faire avancer les négociations multilatérales sur le désarmement nucléaire », qui s’est réuni du 2 au 13 mai 2016 à Genève.

Que Hollande aille à Hiroshima

Ce groupe, créé par la résolution 70/33 de l’Assemblée des Nations Unies, a pour objet la mise en place d’un Traité d’interdiction des armes nucléaires. S’engager dans une telle démarche implique que tous les États possédant des armes nucléaires, dont la France, s’engagent à stopper les programmes de modernisation de leurs arsenaux atomiques.

C’est sûrement ce qui explique, mais ne justifie pas, leur absence à Genève. Un premier pas utile pour le président de la République française serait de se rendre à Hiroshima à l’occasion du prochain G7, de rencontrer les hibakusha et de visiter le musée contre les bombes A et H.

Cette visite pourrait constituer une belle occasion pour François Hollande de concrétiser les déclarations de principes favorables à un processus de désarmement nucléaire que fait régulièrement la France au TNP (traité de non-prolifération), en annonçant à Hiroshima que la France s’engage à geler tous les programmes de modernisation de son arsenal atomique inscrits dans la loi de programmation militaire.

Ce serait un signal fort et cela constituerait des économies budgétaires considérables pour des mesures économiques et sociales en faveur d’un développement durable dont le peuple français et le monde entier ont tant besoin.

La France sortirait grandie au plan mondial. Car les opinions publiques dénoncent de plus en plus le double langage des États dotés de l’arme nucléaire qui exigent le désarmement nucléaire pour les autres, mais continuent à violer le Traité de non-prolifération nucléaire, à travers leurs politiques respectives de modernisation de leurs arsenaux nucléaires, et à retarder la mise en place d’un traité d’interdiction des armes nucléaires.

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