Publié dans Le Télégramme le 7 mai 2013. Cliquez pour voir l’article original.
Penmarc’h, La Marine en quête des débris du missile
À la suite de l’explosion en plein vol, dimanche, au large de Penmarc’h, d’un missile M51 tiré d’un sous-marin nucléaire, la Marine nationale met en oeuvre de lourds moyens pour retrouver les débris de l’engin classé secret-défense.
Le tir technique du M51 – comme toujours sans têtes nucléaires – devait permettre de valider la capacité du sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE) Le Vigilant, basé à l’Ile Longue, à le mettre en oeuvre. « Depuis hier, des vols ont été réalisés sur zone par des avions de patrouille maritime et des hélicoptères mais aucun fragment n’a été aperçu en surface », a expliqué l’enseigne de vaisseau Thierry Maguet de la préfecture maritime de l’Atlantique, au lendemain de l’explosion du missile, dans la baie d’Audierne, à 25 km des côtes finistériennes.
Recherches sous-marines à venir
« Maintenant, les opérations s’orientent vers des recherches sous-marines », a-t-il ajouté, alors que les débris du missile de 12m de haut et 56 tonnes pourraient reposer par 100m de fond. Dans la soirée était attendu sur zone le bâtiment de soutien et d’assistance Argonaute, avec à son bord une équipe du Cephismer (Cellule plongée humaine et intervention sous la mer) venant de Toulon et emmenant le robot sous-marin télé-opéré Ulisse. Le bâtiment hydrographique Borda, muni d’un sonar, était également attendu dans la soirée, selon la préfecture. Trois autres navires, dont le chasseur de mines Cassiopée et le remorqueur de sonar Altaïr, se trouvaient déjà sur place, où une zone réglementée à la navigation a été instaurée.
Aucune explication
Selon les milieux de la Défense, cet échec n’entame pas la crédibilité du M51 qui a été tiré cinq fois auparavant avec succès, dont deux fois à partir d’un SNLE, Le Terrible. Selon la Défense, le missile est « sorti normalement » dimanche du Vigilant, avant de s’autodétruire. Aucune explication technique de l’échec du tir n’était disponible hier. Et Astrium, la division espace du groupe EADS, qui produit le M51, s’est refusée à tout commentaire. Selon des sources proches du dossier, les résultats de l’enquête qui réunit les parties concernées (Direction générale de l’armement, industriels, Marine…) ne devraient pas être rendus publics, ce qui touche à la dissuasion nucléaire étant classé secret-défense. L’enquête devra fournir des indications sur la suite des tirs de validation. Le M51 devant également équiper les deux autres SNLE français, Le Triomphant et Le Téméraire, chaque sous-marin pouvant embarquer 16 missiles. Une centaine de personnes ont par ailleurs manifesté hier l’après-midi contre le programme des M51 au pied du phare d’Eckmühl, à Penmarc’h, où a été déployé le système électronique de surveillance du tir.
Un rassemblement le 9 juin à Crozon
L’appel du collectif était prévu avant l’échec du tir de missile M51. Un échec qui fait bien les affaires du collectif Bretagne et Grand-Ouest du Mouvement de la paix qui dénonce, entre autres, « l’argent qui est parti ainsi en fumée » et prône « le désarmement nucléaire ». Le collectif, qui a été rejoint par le NPA et le Front de gauche du Pays bigouden, appelle à « faire du dimanche 9 juin un grand moment de démocratie et de débats sur l’arme atomique à l’occasion du festival Debout tout le monde pour la justice, la paix et le désarmement nucléaire », qui se tiendra à Crozon-Le-Fret, de 10h à 18h, face à la base des sous-marins nucléaires de l’Île-Longue.