Bretagne et Grand Ouest

Article d’Amnesty Internataional de 2022 mais très bien documenté : https://www.amnesty.fr/liberte-d-expression/actualites/julian-assange-proces-ou-en-est-on.
Publié le 14.03.2022 | Mis à jour le 02.12.2022

Depuis ses révélations, en 2010, Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, connaît un simulacre de justice. Les États-Unis cherchent à tout prix à le juger sur le sol américain où il risque jusqu’à 175 ans de prison.

2 décembre 2022 : Julian Assange saisit la Cour européenne des droits de l’homme pour contester son extradition vers les États-Unis

Julian Assange a déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme contre son extradition. En juin 2022, la ministre de l’Intérieur britannique Priti Patel a approuvé la demande d’extradition de Julian Assange. Une décision extrêmement préoccupante. S’il est extradé vers les États-Unis, Julian Assange risque 175 ans de prison.

Nous devons à Julian Assange des révélations cruciales, d’intérêt public. En diffusant plus de 750 000 documents classés confidentiels par les États-Unis, le fondateur de WikiLeaks a pointé de possibles crimes de guerre commis par l’armée américaine. Depuis, le gouvernement américain le poursuit sans répit.  

L’affaire Assange, qui dure depuis plus de dix ans maintenant, est encore loin de connaître son épilogue judiciaire.

Les dates clés de l’affaire Assange

2006 : Julian Assange fonde WikiLeaks qui permet aux lanceurs d’alerte de divulguer des documents relatifs à des scandales de corruption, d’espionnage et de violations des droits humains perpétrés par des États, tout en protégeant leurs sources. 

Juillet 2010 : WikiLeaks diffuse plus de 750 000 documents confidentiels. Des milliers d’entre eux concernent  les activités militaires et diplomatiques américaines en Irak et en Afghanistan.

Juin 2012 : Julian Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres.

Avril 2019 : le nouveau président équatorien, Lenin Moreno, met fin à l’asile politique de Julian Assange. Il aura passé sept ans réfugié dans l’ambassade d’Équateur à Londres.

Avril 2019 : les autorités britanniques l’arrêtent et le placent dans la prison de haute sécurité de Belmarsh. 

Mai 2019 : les États-Unis lancent une procédure d’extradition auprès des autorités britanniques.

Février 2020 : début du procès de Julian Assange devant la justice britannique. 

4 janvier 2021 : la justice britannique rejette la demande d’extradition de Julian Assange vers les États-Unis en raison de sa santé mentale.  

6 janvier 2021 : la justice britannique refuse sa libération sous caution. Julian Assange reste en prison. 

Février 2021 : les États-Unis font appel de la décision de justice britannique et demandent l’extradition de Julian Assange.

11 août 2021 : un juge de la Haute Cour de Londres autorise les États-Unis à faire appel.

26 septembre 2021 : YahooNews publie une enquête révélant que la CIA aurait envisagé d’enlever et d’assassiner Julian Assange lorsqu’il résidait à l’ambassade d’Équateur à Londres. Si nous ne sommes pas en capacité de confirmer ces informations, elles viennent néanmoins renforcer nos doutes quant à la fiabilité des garanties américaines selon lesquelles Julian Assange ne subirait pas de mauvais traitements s’il était extradé. Selon Agnès Callamard, notre secrétaire générale, cela montre à nouveau les motivations politiques qui sous-tendent l’affaire Assange.

27 – 28 octobre 2021 : audiences dans la procédure d’appel des États-Unis pour l’extradition de Julian Assange.

10 décembre 2021 : la justice britannique annule en appel le refus d’extrader le fondateur de WikiLeaks vers les États-Unis. En autorisant cet appel, la justice britannique a accepté les assurances diplomatiques peu fiables des États-Unis qui avançaient que Julian Assange ne serait pas détenu à l’isolement dans une prison de haute sécurité. Or, s’il est extradé, il risque la torture et la prison à vie. À ce stade, l’extradition n’est pas encore autorisée.

24 janvier 2022 : la Haute Cour de Londres autorise Julian Assange à contester son extradition vers les Etats-Unis. Une bonne nouvelle. Cependant, nous regrettons que la Cour n’ait pas pris en compte les risques de torture que pourrait subir Assange s’il était extradé.

14 mars 2022 : la Cour suprême du Royaume-Uni refuse à Julian Assange la possibilité de faire appel du précédent arrêt de la Haute Cour qui autorise son extradition. Par cette décision, la justice britannique expose le fondateur de WikiLeaks à de graves atteintes de ses droits fondamentaux.

20 avril 2022 : la justice britannique ordonne l’extradition de Julian Assange vers les États-Unis. C’est maintenant à la ministre de l’Intérieur britannique Priti Patel de certifier la demande d’extradition.

17 juin 2022 : Priti Patel approuve la demande d’extradition de Julian Assange. En l’extradant vers les États-Unis, le Royaume-Uni violerait le droit international.

25 août 2022 : Michelle Bachelet, la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a exprimé son inquiétude sur les risques que représenteraient l’extradition de Julian Assange : « L’éventuelle extradition de Monsieur Assange et les éventuelles poursuites à son encontre suscitent des préoccupations concernant la liberté de la presse et de possibles effets paralysants pour le journalisme d’investigation et les activités des lanceurs d’alerte ».

26 août 2022 : Julian Assange a déposé un recours en appel devant la Haute Cour du Royaume Uni contre l’ordre d’extradition signé par Priti Pattel. La question de sa santé ne sera pas abordée. Les arguments liés à sa dépression et aux risques de suicide en cas d’extradition ayant déjà été rejetés. C’est donc sur le caractère politique de la procédure lancée par les autorités américaine que la défense se fonde.

Les États-Unis traquent Julian Assange

175 ans de prison : c’est ce que risque Julian Assange s’il est extradé vers les États-Unis.

Julian Assange, ressortissant australien fondateur de l’ONG WikiLeaks, fait aujourd’hui l’objet d’une traque par les autorités américaines pour ses révélations d’intérêt public, notamment celles concernant les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Le 4 janvier 2021, la justice britannique a décidé de ne pas extrader Julian Assange vers les États-Unis. La magistrate explique le refus d’extradition par l’état mental et psychologique fragile de Julian Assange. S’il était détenu dans une prison fédérale de sécurité maximale aux États-Unis, il pourrait se livrer à l’automutilation, voire se suicider.   

La réaction des États-Unis ne s’est pas faite attendre. Sans surprise, ils ont décidé de faire appel de cette décision. Le 11 février 2021, les États-Unis ont formé un recours devant la Haute Cour de justice britannique pour présenter au Royaume-Uni des « assurances diplomatiques » qui ont pour objectif de réduire le risque de mauvais traitements en détention si Julian Assange était incarcéré dans un établissement fédéral. Malgré les assurances des États-Unis de ne pas le placer dans une prison de sécurité maximale, cette possibilité n’est pas exclue.

L’appel fallacieux des États-Unis doit être rejeté par le tribunal britannique. Si le Royaume-Uni extradait Julian Assange en s’appuyant sur un accord avec les États-Unis, il enfreindrait une norme impérative du droit international, qui est l’interdiction absolue de la torture. Une fois transféré vers les États-Unis, Julian Assange risquerait des mauvais traitements en détention, et cela, dès le moment de son transfert.

Rappelons que nous devons à Julian Assange des révélations d’intérêt public. Sans lui, nous n’aurions pas connu les possibles crimes de guerre de l’armée américaine. La publication des documents qu’il a révélés ne devrait pas être passible de sanctions. Il s’agit d’une pratique courante du journalisme d’investigation. À travers le procès Assange, c’est aussi la liberté de la presse qui est en jeu. Protégeons-le, protégeons-la !

Nos demandes

Nous nous opposons au placement dans une prison de sécurité maximale de toute personne ayant des problèmes de santé mentale et exhortons les États à soigner dans un environnement thérapeutique adapté les personnes incarcérées qui souffrent de troubles mentaux.

Nous appelons à nouveau l’administration des États-Unis à abandonner les poursuites contre Julian Assange et demandons aux autorités britanniques de renoncer à l’extrader et de le remettre immédiatement en liberté.  

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