Bretagne et Grand Ouest

Face à l’extrême gravité de la situation internationale, suite en particulier à l’agression de la Russie contre l’Ukraine, qui peut nous conduire à une extension mondiale de la guerre, voire à l’utilisation des armes nucléaires, le congrès du Mouvement de la Paix a adopté à l’unanimité le 20 /11/2022 un appel pour une journée mondiale de mobilisation le 24/02/2023 (1) contre toutes les guerres et pour un cessez-le- feu en Ukraine ouvrant la voie vers une issue négociée. Cet appel relayé par le Bureau international de la Paix a rencontré un écho international, les concertations se poursuivent, les appels se multiplient et partout se préparent des mobilisations pour la paix.

Un double constat s’impose, la guerre n’apporte jamais de solutions aux conflits. Que ce soit en Afghanistan, dans les Balkans, en Irak, en Libye dans la région des grands lacs africains, au Sahel, au Yémen, en Palestine …, les réponses militaires se soldent toutes par des échecs qui se traduisent par des millions de morts (2), des destructions matérielles mais aussi la destruction d’États menacés ou fragilisés par groupes extrémistes, paramilitaires, mercenaires ou narcotrafiquants avec un seul point commun : ce sont toujours les populations civiles qui sont les principales victimes (3). L’autre constat, c’est qu’il n’y a pas d’autre voie pour résoudre les conflits que la négociation et des solutions diplomatiques apportant des garanties internationales de sécurité pour toutes les parties concernées.

La détérioration de la situation mondiale actuelle résulte du fait que les relations internationales tant au plan économique que militaire sont structurées autour de logiques de puissance, de domination, de militarisation. Le monde n’arrive pas à résoudre la question de la faim (4), ni de l’analphabétisme mais les dépenses militaires ont doublé entre 2000 et 2021 (de 900 à 2100 milliards de dollars) alors que 10 % des dépenses militaires pendant 10 ans suffiraient pour résoudre ces problèmes avec des politiques appropriées. Alors que les défis sont mondiaux et nécessitent des coopérations et des coordinations au plan mondial, le système des Nations unies, conçu à cet effet, est mis de côté par les grandes puissances, qui favorisent des organisations économiques et militaires comme le FMI, l’OTAN, le G5, le G7, le G20, et sabordent les logiques multilatérales et les orientations pour la paix et le progrès social inscrites au cœur la Charte des Nations unies.

Des propositions alternatives basées sur la coopération et les droits humains, existent qui ont été validées par des résolutions de l’AG des Nations unies (sur la culture de la paix, les objectifs du développement durable, les droits humains etc). Des avancées ont été obtenues, mais les lobbies militaro-industriels avec leur relais médiatiques et politiques continuent d’imposer leurs logiques y compris en France. Ainsi, le Président de la République est fier de souligner à Mont de Marsan (vœux aux armées) que la France aura réalisé 800 milliards d’euros de dépenses militaires de 2019 à 2030 tout en annonçant la LPM (5) 2024-2030 avec un montant de 413 milliards soit 118 milliards de plus par rapport à la loi précédente (+ 40%) et en se réjouissant qu’en l’espace de 2 LPM la France aura doublé ses dépenses militaires.

L’enjeu des journées d’action des 24- 25 février 2023 (6), c’est de lancer une dynamique au plan mondial visant à rassembler dans l’action les partisans de la paix, afin de contester ces logiques de militarisation et d’exiger, face à des défis mondiaux, des réponses fondées sur des logiques de coopération répondant aux besoins des peuples. Ce nouveau rendez-vous sur le long chemin de la construction de la paix aura également pour objectif un cessez-le-feu en Ukraine en vue d’une solution négociée à ce conflit.

Le 24 février constituera une nouvelle étape dans la mobilisation des peuples pour exiger des gouvernements qu’ils refusent les logiques de confrontation et de guerre, s’opposent au péril nucléaire en signant le traité sur l’interdiction des armes nucléaires, agissent en faveur de la diplomatie, de la négociation, de la prévention des conflits. Il s’agit d’agir pour établir des systèmes de sécurité commune, en diminuant le fardeau de dépenses militaires exorbitantes et en investissant massivement pour une économie de paix et une sécurité humaine apportant des réponses sociales, écologiques, sanitaires en conformité avec les aspirations des peuples à vivre dans un monde de justice, de solidarité et de paix.

Roland NIVET – Alain ROUY – Co-secrétaires nationaux du Mouvement de la Paix

  1. Le 24 février marque l’entrée des troupes russes en Ukraine en 2022.
  2. En Ukraine 200 000 soldats tués ou blessés (au total pour les 2 cotés) selon Mark A.Milley chef d’Etat-major américain ,18358 victimes civiles ukrainiennes selon l’Onu (7043 morts et 11327 blessés) et 17 millions de réfugiés selon HCR-ONU.
  3. En Afghanistan entre 1996 et 2021 la population est passée de 17 millions d’habitants à 40 millions, mais 33 % des terres agricoles sont maintenant consacrées à la drogue qui rapporte 1000 fois plus que les cultures vivrières alors que le budget national n’est de 2,5 milliards de dollars et que les femmes redeviennent quasiment des esclaves privées de droits. Voilà le résultat de décennies de guerres et d’occupations militaires étrangères.
  4. 850 millions de personnes souffrent de la faim, un enfant meurt toutes les 15 secondes de la faim ou des conséquences de la faim. Source : Faim Zéro – Bruno Parmentier (La Découverte)
  5. LPM = Loi de programmation militaire
  6. En France le 24 février serait plutôt consacré à des actions dans les communes et le 25 à des actions à Paris et dans les chefs- lieux de départements ou d’arrondissements.
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