Bretagne et Grand Ouest

Chers amis, ies, la Conférence mondiale 2022 contre les bombes atomiques et à hydrogène (4-9 août) a adopté la  » Déclaration d’Hiroshima  » le 6 août

Conférence mondiale 2018 contre les bombes atomiques et à hydrogène

Déclaration de la conférence mondiale contre les Bombes A et H – Hiroshima 6 aout 2022

La 77e année du bombardement atomique d’Hiroshima et de Nagasaki par les États-Unis a commencé.

La race humaine est maintenant confrontée à un nouveau danger d’utilisation des d’armes nucléaires. Poursuivant son agression contre l’Ukraine, le président Poutine de Russie réitère une menace nucléaire.  Aux côtés de la Russie, les États-Unis et l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) maintiennent et consolident leurs « dissuasions nucléaires ».

Depuis Hiroshima qui a subi les dommages indescriptibles des armes nucléaires et avec les Hibakusha, nous lançons un appel au monde : les armes nucléaires sont des « armes du mal absolu »; elles sont conçues exclusivement pour provoquer l’extinction de l’humanité, ce qui ne permettra pas à l’humanité de vivre une vie humaine ou de mourir d’une mort humaine.

Nous ne devrions jamais permettre la menace ou l’utilisation de ces armes. La seule façon de mettre fin à ce danger est l’élimination complète des armes nucléaires. Avec une nouvelle détermination, nous avançons vers la réalisation d’un « monde sans armes nucléaires, pacifique et juste ».

Le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TPNW) (TIAN) le premier traité de l’histoire interdisant totalement les armes nucléaires est entré en vigueur. Le soutien et le nombre d’États participants ne cessent d’augmenter (66 ratifications, 86 signatures).

La première réunion des États parties au traité, qui s’est tenue du 21 au 23 juin à Vienne, a adopté par consensus la déclaration politique intitulée « Notre engagement en faveur d’un monde sans armes nucléaires » (déclaration de Vienne). C’est un message puissant et plein d’espoir pour un « monde sans armes nucléaires ». Cette déclaration fait une critique implacable de la doctrine de la dissuasion nucléaire, en disant, « Ceci met en évidence, plus que jamais, l’erreur des doctrines de dissuasion nucléaire, qui sont fondées sur la menace de l’utilisation réelle d’armes nucléaires et, par conséquent, incluant les risques de destruction d’innombrables vies, de sociétés, de nations, et d’infliger des conséquences catastrophiques mondiales. Le « Plan d’action de Vienne », un autre document adopté, a donné des détails sur l’assistance aux Hibakusha et aux victimes des essais nucléaires, les modalités pour que les  États dotés d’armes nucléaires adhérent au traité et d’autres détails pour la mise en œuvre du TIAN. C’est maintenant une réalité indéniable que le TPNW (TIAN) est établi comme loi internationale, soutenue par la majorité des pays du monde.

Si nous développons davantage notre coopération entre la société civile et les gouvernements, en s’appuyant sur le TPNW, il sera possible d’ouvrir une perspective d’un « monde sans armes nucléaires ».

Le fait que la Russie, une superpuissance nucléaire, ait ouvertement menacé d’utiliser des armes nucléaires et a même mis ses forces nucléaires en état d’alerte spéciale sans se soucier du sacrifice de son propre peuple, a révélé que le concept de « dissuasion nucléaire », selon lequel les armes nucléaires « dissuadent l’utilisation d’armes nucléaires », ne peut plus fonctionner. Il est également devenu clair que la « dissuasion nucléaire » est un moyen d’envahir un autre pays et de le gouverner par la force de la menace nucléaire.

La doctrine de la « dissuasion nucléaire » repose sur le principe de la perte d’innombrables vies humaines, de détruire des villes et leur environnement et de provoquer des conséquences catastrophiques. Elle conduit l’humanité au bord de l’extinction. Il est temps de surmonter la doctrine de la dissuasion nucléaire.

La 10e conférence d’examen du TNP se tient à New York du 1er au 26 août.

Nous appelons cette conférence, à laquelle participent les Cinq États Nucléaires dénommés Etats dotés (1), à contenir le danger de l’utilisation des armes nucléaires et à ouvrir la perspective d’un monde sans armes nucléaires. Le TNP (Traité de non-prolifération nucléaire adopté en 1968 ndlr) prévoit l’obligation de négocier le désarmement nucléaire (article 6) et ses conférences d’examen ont jusqu’à présent convenu d’un « engagement sans équivoque » en faveur du désarmement nucléaire en vue de parvenir à « l’élimination complète de leurs arsenaux nucléaires », sur l’instauration d’un « monde sans armes nucléaires », sur le fait de faire un effort particulier » pour établir un « cadre » pour le monde sans armes nucléaires, « établir une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient ». Pourtant, non seulement les États dotés de l’arme nucléaire ont tourné le dos à leur obligation de mettre en œuvre ces engagements, mais plus grave encore la « modernisation » des arsenaux nucléaires et la consolidation de la politique d’utilisation de ces armes sont encouragées.

Nous exigeons que les États dotés d’armes nucléaires mettent fin à ces attitudes insincères, reconfirment leurs obligations conventionnelles et les accords passés et les mettre en œuvre de bonne foi. Le TPNW (TIAN) est un traité qui contribue à la mise en œuvre de l’article 6 du TNP.

Ils se complètent mutuellement. Le Japon est intensément appelé à jouer un rôle à la hauteur de son statut de seul pays ayant été frappé par une bombe A pendant la guerre. Mais le gouvernement japonais approfondit sa dépendance à l’égard du « parapluie nucléaire » américain, s’oppose au TPNW et continue de tourner le dos au désir de son propre peuple, ainsi qu’à la tendance majeure du monde.

L’appel à des discussions sur le « partage nucléaire » est aussi un grave problème. Ces actions ne font qu’accélérer le cycle vicieux de prolifération des armes nucléaires en Asie du Nord-Est. Nous demandons au gouvernement japonais d’abandonner la doctrine de la « dissuasion nucléaire », et de soutenir et d’exprimer sa volonté de se joindre au TPNW.

L’agression de la Russie contre l’Ukraine est une violation pure et simple de la Charte des Nations Unies. Nous exigeons le retrait des forces russes et la fin de toutes leurs actions militaires, y compris les attaques et les occupations de centrales nucléaires en Ukraine. La communauté internationale doit s’unir pour la restauration de l’ordre mondial basé sur la règle commune de la Charte des Nations Unies. Même s’il y a des différences de position concernant la Russie, il est important de noter que la première réunion des Etats parties au TIAN, a unanimement « condamné sans équivoque toute menace nucléaire ».

Nous appelons à la résolution de tous les conflits internationaux par la diplomatie. Les problèmes du développement nucléaire et des missiles de la Corée du Nord, ou la tentative de la Chine de changer le statu quo par la force en mer de Chine méridionale ou en mer de Chine orientale devraient également être abordés par le biais de dialogues et de négociations fondées sur le droit international et non par la force militaire.

Nous nous opposons fermement à toute démarche visant à renforcer et à élargir les alliances militaires ou à constituer des arsenaux militaires, en profitant de l’agression contre l’Ukraine.

Nous sommes très préoccupés par le fait que l’OTAN, lors de sa conférence au sommet du 29 juin à Madrid, a adopté un nouveau concept stratégique visant à la renforcer en tant qu’alliance militaire nucléaire, à étendre considérablement les forces de réaction aux crises, et que dans la région Asie-Pacifique, les États-Unis et d’autres pays s’apprêtent à étendre la coopération militaire bilatérale et multilatérale.

Nous nous opposons à la transformation du Japon en un pays prêt pour la guerre dans le cadre de l’alliance militaire américano-japonaise avec des plans pour révision de la Constitution, le renforcement massif de l’armée et le développement d’une « capacité d’attaque des bases ennemies ». Le rôle que doit jouer le mouvement populaire japonais. Le rôle que doit jouer le mouvement populaire japonais pour contrer ces mouvements est d’une importance décisive.

Les perspectives de genre doivent être prises en compte dans le processus de désarmement nucléaire. L’impact disproportionné de l’utilisation d’armes nucléaires sur les femmes et la faible proportion de femmes dans les négociations de désarmement montrent qu’il s’agit d’un problème urgent à traiter.

Cette perspective devrait être consciemment abordée par le mouvement pacifiste antinucléaire. Il est également urgent de détourner les ressources consacrées à la guerre ou au développement militaire pour s’attaquer à la crise climatique, la résolution de la pauvreté et des disparités, et la protection des droits de l’homme et de la dignité humaine. Il est désormais urgent de parvenir à un « monde sans armes nucléaires, pacifique et juste ».

Le facteur décisif pour déterminer la voie à suivre est le mouvement des peuples et des opinions publiques. Nous proposons de mener les actions suivantes visant à un monde sans armes nucléaires, pacifique et juste :

  • Lancer des campagnes pour faire connaître les dommages causés par les bombes A à Hiroshima et Nagasaki et les autres conséquences inhumaines de l’utilisation des armes nucléaires, en encourageant les témoignages des Hibakusha ou des victimes des essais nucléaires, et en encourageant bien d’autres formes d’action de l’opinion publique contre toute utilisation ou menace d’utilisation d’armes nucléaires, pour que aux Nations Unies et aux gouvernements des Etats membres de promouvoir ou de soutenir ces activités.
  • Construisons l’opinion publique la plus large possible pour soutenir la promotion de ces activités, le soutien et/ou la participation de tous les Etats au TPNW et à l’élimination des armes nucléaires. Dans les pays qui possèdent des armes nucléaires ou qui dépendent du « parapluie nucléaire » en particulier, renforçons le mouvement pour faire pression sur leurs gouvernements à adhérer au traité ;
  • Faisons réussir l’action commune internationale « Vague de Paix » pour l’élimination des armes nucléaires comme objectif commun lancée du 4 au 9 août 2022, depuis Hiroshima et Nagasaki.
  • A l’occasion d’événements aussi importants que l’ouverture de la 77ème session de l’Assemblée générale des Nations unies, le nouveau cycle du processus d’examen du TNP,  la prochaine réunion des Etats parties au TPNW, encourageons la coopération entre les gouvernements et les mouvements de la société civile pour atteindre l’objectif commun ;
  • Développons des actions conjointes pour la réduction des dépenses militaires, le démantèlement des bases militaires étrangères et l’amélioration de la sécurité., la dissolution des alliances militaires, l’indemnisation et le soutien des victimes de la guerre, de l’Agent Orange et d’autres victimes de guerre et l’éradication de leurs souffrances, la promotion de l’éducation à la paix et d’autres tâches pour la paix et contre la guerre.
  • Élargissons encore le mouvement pour « un monde sans armes nucléaires » en étendant la solidarité à de nombreux autres pays nucléaires » en étendant la solidarité à de nombreux autres mouvements de diverses couches et de générations de personnes tels que : pour la vie et les moyens de subsistance, les droits de l’homme, zéro centrale nucléaire, la fin de la crise climatique, l’égalité des sexes, la paix et la démocratie.
  • Nous réitérons notre détermination à ce qu’ensemble avec les Hibakusha et avec les jeunes générations dont dépend notre avenir, nous serons à l’avant-garde de ces actions.

Plus de Hiroshima ! Plus de Nagasaki !

Plus d’Hibakusha !  Abolition des armes nucléaires

Hiroshima Le 6 août 2022 : La conférence mondiale de 2022 contre les bombes A et H

(Déclaration traduite en français et diffusée par Le Mouvement de la Paix le 7 aout 2022)

Mémorial de la paix d'Hiroshima
Le Dôme de Genbaku, le seul bâtiment à rester debout près du lieu où explosa la première bombe atomique, le 6 août 1945. (UN Photo)
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