Au nom du conseil municipal de Rennes de Madame la Maire, je veux vous dire mon émotion de participer à cette commémoration.
C’est une initiative dont vous assurez la continuité depuis bien des années et cette permanence vous honore.
Votre présence nombreuse, la nôtre, la solennité et la dignité de ce rassemblement portent une exigence fondamentale : celle de la vérité.
En ce 8 mai, notre pays commémore la victoire du 8 mai 1945 et marque sa reconnaissance à l’égard de nos ainés qui, au prix d’immenses sacrifices, ont pu vaincre la bête immonde et ouvrir l’espérance d’un monde pacifié, plus juste et fraternel.
Alors qu’au péril de leur vie, les femmes et les hommes engagés dans la Résistance combattaient la barbarie, ils étaient portés par l’idée d’un autre monde dont ils définissaient le contenu dans un programme, celui du Conseil National de la Résistance, qui permit à la France de se relever et d’ouvrir une période de progrès humains et sociaux.
En dépit des remises en cause régulières et insidieuses dont il est l’objet, le socle des valeurs qui inspiraient chaque décision prise à la Libération continue puissamment de nous habiter et il inspire encore nos idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité.
Aujourd’hui, avec une force qu’on n’aurait peut-être pas imaginée il y a quelques années, les menaces et les tensions qui traversent le monde, la peur et le racisme, la xénophobie fragilisent nos sociétés.
La tentation du repli sur soi, du pessimisme et de la résignation, la haine transformée en programme politique menacent nos rêves de fraternité.
Nous. Nous sommes ensemble pour dire que la solidarité et l’amitié constituent de puissants leviers pour ouvrir de nouveaux champs d’un monde apaisé, d’un monde porté par des exigences de paix et de promesses de nouveaux jours heureux.
Cette manière de penser l’appartenance au genre humain, de bâtir de nouveaux ponts entre les peuples, d’explorer les chemins de nouveaux progrès de civilisation ne peut pas cohabiter avec le déni et l’amnésie…
La pensée humaniste, une vision fraternelle du monde ne peut pas être fécondée dans le mensonge. L’oubli est une forme d’humiliation.
Longtemps, trop longtemps, les massacres de Sétif, de Guelma, de Kherrata ont été délibérément enfouis.
Le 8 mai 1945, tandis que la victoire sur le nazisme ouvrait une formidable espérance, là où la place n’aurait dû être qu’à la célébration de l’émancipation des peuples et sa traduction en actes, la France commettait des massacres de l’autre côté de la Méditerranée.
Selon les historiens il y a des estimations différentes du nombre de victimes ; dans tous les cas le bilan est terrible, des milliers Algériens assassinés c’est une certitude, et même, vraisemblablement, des dizaines de milliers.
Cette tragédie, ces souffrances infligées n’appellent pas l’oubli.
Elles sollicitent, à l’inverse, notre lucidité, notre responsabilité.
Elles nous obligent à la vérité sur cette période sombre de notre histoire, aussi faite de crimes et de manquements terribles aux valeurs universelles.
À partir de la complexité des relations qui fondent les relations entre la France et l’Algérie, de nos cultures entremêlées qui continuent de s’enrichir mutuellement, du fil des relations que nous avons su pour partie tisser, nous avons l’avenir en partage.
La Méditerranée doit cesser d’être cette frontière entre des êtres humains, elle doit cesser d’être le lieu où s’exerce le déni d’Humanité, elle doit devenir au contraire un pont pour l’Humanité, un trait pour la coopération et de nouveaux partenariats où tout le monde gagne.
La France et l’Algérie peuvent jouer un rôle décisif de ce point de vue.
Que la culture de la paix, du respect mutuel irrigue en permanence nos pensées et nos actes.
…et la fraternité aussi.
Monsieur Yannick Nadesan, Le 8 mai 2019
Conseiller municipal, Délégué à l’Eau et à l’Assainissement, au Contrôle budgétaire et aux Services concédés, Président de la CEBR, Groupe communiste. Téléphone : 02.23.62.13.80 / Télécopie : 02.23.62.13.89 / y.nadesan@ville-rennes.fr / eluscommunistesrennais.org