Bretagne et Grand Ouest

Tribune libre publiée dans le Peuple breton organe de l’Union démocratique Bretonne relative au Traité d’interdiction des armes nucléaires (original ici) :

Faisons appliquer le traité d’interdiction des armes nucléaires !

Roland Nivet 4 septembre 2017

marche à Menez Hom 2017

Mobilisation sur le Menez Hom, en 2017.

Suite à l’adoption d’un traité d’interdiction des armes nucléaires qui a fait peu de bruit dans la presse quotidienne, Le Peuple breton a proposé à Roland Nivet une tribune sur le sujet. Celle-ci est extraite du discours prononcé à Hiroshima le 8 août 2017 à la conférence mondiale contre les bombes A et H.

L’adoption à l’ONU le 7 juillet 2017 d’un traité d’interdiction des armes nucléaires est une victoire à mettre à l’actif des millions de personnes et d’ONG qui, à travers le monde, pendant des dizaines d’années ont agi pour l’élimination des armes de destruction massive en convergence avec les actions d’un certain nombre d’États et d’institutions nationales et internationales comme l’ONU, la Croix Rouge internationale, l’OIT (organisation international du travail), la CSI (confédération syndicale internationale-CSI)…

En Bretagne, nous avons été souvent été au premier rang dans cette lutte engagée depuis les années 1950. Beaucoup ont en souvenir la mobilisation de 1995 où nous étions 20 000 devant la base de sous-marins nucléaires de l’île longue pour demander non seulement l’arrêt des essais mais aussi un monde sans armes nucléaires.

Les armes nucléaires constituent un danger mortel pour l’humanité. Cet enjeu est lié avec les autres enjeux que sont la guerre et la paix, un développement juste et durable, le réchauffement climatique et plus largement la construction d’un monde de justice, de fraternité et d’égalité, donc avec la lutte générale pour les droits humains incluant le respect de la diversité linguistique.

Jamais l’humanité n’a autant qu’aujourd’hui disposé des capacités et des moyens pour faire face à ces enjeux et créer les conditions pour que chaque être humain puisse vivre en paix et en sécurité.

Par contre, la mondialisation capitaliste et néolibérale des économies constitue un obstacle à la construction d’un monde de paix débarrassé des armes nucléaires. En effet, la recherche du profit immédiat et maximum alimente le commerce des armes et la course aux armements, y compris nucléaires. Cette logique de puissance, de domination et d’accaparement s’accompagne d’une remise en cause de la Charte des Nations Unies et du multilatéralisme au profit de l’OTAN ou d’organismes supranationaux d’inspiration colonialiste tels que les G8 ou G20.

Cette logique a favorisé le développement du complexe militaro-politico-industriel (et donc l’accroissement des dépenses militaires) qui contrôle aussi le pouvoir médiatique à tel point qu’en France l’adoption du traité d’interdiction des armes nucléaires a été quasi totalement passée sous silence.

Il ne faut pas sous-estimer le succès que constitue ce traité, mais il ne faut pas non plus sous-évaluer la détermination de nos adversaires pour retarder l’élimination des armes nucléaires. Les puissances nucléaires dont la France et les États-Unis ont engagé un travail de sape avec le complexe militaro industriel en particulier à partir de la conférence de Vienne sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires pour dissuader les « petits » États de ratifier ce traité.

Si l’aspiration des peuples à la paix est immense, le complexe militaro-industriel a un poids considérable et arrive encore, comme en France, à justifier ou à imposer des augmentations des dépenses d’armement.

Il y a donc une bataille idéologique à mener pour montrer que cette aspiration à vivre en sécurité et en paix ne peut être concrétisée à travers l’augmentation des dépenses d’armement ou la sophistication des armements y compris nucléaires mais via des solutions alternatives pour la paix, basées sur la réalisation de tous les droits humains, sur le développement durable, la confiance, la prévention des conflits par le dialogue multilatéral et le désarmement.

Le droit international ayant posé avec force, à travers le TNP et le traité d’interdiction le principe de l’illégalité des armes nucléaires, nous devons aujourd’hui mobiliser pour imposer son application. Et exiger la ratification de ce traité par la France.

En France le Président Macron et la majorité gouvernementale actuelle sont favorables à la dissuasion nucléaire, à la militarisation des relations internationales, aux interventions militaires à l’étranger et à l’alignement sur les politiques de l’OTAN.

Cette politique est marquée par deux orientations principales extrêmement graves :

  1. la volonté de quasi doubler le budget consacré aux armes atomiques (de 3,5 à 6,5 milliards par an) afin de renouveler la flotte de sous-marins nucléaires de l’île Longue
  2. porter le budget militaire de la France en 2020 à 2 % du PIB comme le demande l’OTAN soit à terme une augmentation de 10 milliards par an et favoriser la militarisation de l’Europe.

Partout, le samedi 23 septembre 2017, marchons pour la paix et la ratification du traité adopté par l’ONU le 7 juillet dernier. Après le succès des marches pour la paix organisées en 2016, le collectif national « Marchons pour la paix », fort de 120 organisations très diverses dont plusieurs organisations syndicales a initié sur la base d’un appel intitulé : « en marche pour la paix, stop la guerre, stop les violences ». Enfin, le Mouvement de la paix appelle à des initiatives près des sites nucléaires dont l’île Longue le 9 octobre 2017.

Signer la pétition ici

Pour suivre les activités du Mouvement de la paix en Bretagne, c’est ici.

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