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Publié dans Sud Ouest le 7 mai 2013: « L’accident du missile M51 a des retentissements dans la région »

 

 

L’accident du missile M51 a des retentissements dans la région

VIDÉO. L’énorme missile est, pour une large part, produit dans la banlieue de Bordeaux

Une manifestation anti-M51 à Penmarc'h

Une manifestation anti-M51 a eu lieu, hier, à Penmarch. (Photo © AFP)

« On a la gueule de bois. » C’est en ces termes qu’un salarié de la société girondine Herakles, en charge de la propulsion des missiles balistiques de la force de dissuasion, évoquait hier l’échec intervenu la veille lors du tir du M51. Au-delà du retentissement qu’il a eu dans la zone du Finistère au large de laquelle le missile s’est autodétruit, l’incident a des répercussions dans l’agglomération bordelaise: l’établissement EADS Astrium de Saint-Médard-en-Jalles assure en effet l’assemblage des étages des engins sur son site, puis sur celui de l’île Longue, près de Brest, où les missiles sont embarqués à bord des quatre sous-marins stratégiques de la force océanique. Herakles, qui emploie plus de 2 000 salariés, fabrique pour sa part les moteurs qui arrachent le missile du sol et le propulsent dans l’espace. Par ailleurs, c’est dans l’unité girondine du Commissariat à l’énergie atomique, au Barp, que sont conçues les têtes nucléaires de ces engins. Mais, à l’occasion du tir de dimanche, comme de tous les autres tests, le M51 qui s’est abîmé en mer n’en était pas pourvu.

Des échecs rares

Une cellule de crise a été réunie à l’initiative de la Direction générale pour l’armement afin de tenter d’identifier les causes de ce grave pataquès. Hier, en fin d’après-midi, la genèse de cet échec ne semblait pas avoir été établie. Mais il n’est pas sûr que les conclusions de l’enquête fassent l’objet d’une grande publicité, compte tenu de la nature de la force de dissuasion.

Ce qui est sûr, c’est que, depuis la création de cette force, il n’y a eu que trois échecs en l’espace de quelque quatre décennies. Et le M51, qui représente la génération la plus récente de missiles, avait déjà été tiré cinq fois avec succès. Trois essais avaient eu lieu au Centre d’essais de Biscarrosse (Landes), dont un à partir d’une profonde fosse remplie d’eau et destinée à simuler les conditions de lancement du missile que les sous-marins stratégiques peuvent tirer sans avoir besoin de remonter à la surface.

Le M51 est un concentré de haute technologie. Ses tuyères doivent affronter de très hautes températures. Son propergol (carburant solide), hautement énergétique, doit être produit et coulé dans le missile d’une façon très homogène pour éviter les déséquilibres lors du lancement. Et l’électronique est d’une redoutable complexité. Autant dire qu’il y a de multiples causes possibles à l’accident de cette arme destinée à être déployée dans quatre sous-marins, dont l’un au moins se trouve toujours immergé pour de longues missions de l’ordre de deux mois. Des missions au cours desquelles il n’émet pas vers le monde extérieur, tout en pouvant, le cas échéant, recevoir les terribles consignes présidentielles.

 

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