Ziad Medoukh
La situation difficile vécue par plus de 1,8 million de Palestiniens de Gaza touche tous les domaines de leur vie sous blocus et sous menaces israéliennes permanentes. Une situation qui s’est aggravée ces dernières années, avec la multiplication des agressions israéliennes contre la population civile de cette région de plus en plus enfermée.
Au début de chaque été, les Gazaouis s’interrogent, ils se posent toujours la même question : où peut-on passer les vacances cette année ?
Cette question est posée depuis l’an 2000 avec la fermeture des frontières et notamment en 2006 avec le blocus inhumain imposé par les forces de l’occupation israélienne contre les habitants de la bande de Gaza. Le déplacement des Gazaouis vers la Cisjordanie et vers l’étranger est impossible pour la plupart d’entre eux.
C’est vrai que les habitants de Gaza ont d’autres préoccupations, notamment avec les difficultés économiques et leur souffrance au quotidien, mais ils ont aussi le droit de passer quelques moments de détente pendant leur mois de vacances scolaires d’été.
Cet été 2015, la situation est devenue de plus en plus dure avec la poursuite de la fermeture des passages qui empêche les Gazaouis de passer leurs vacances à l’extérieur, et les conséquences dramatiques de la dernière offensive israélienne contre les Palestiniens de Gaza en été 2014.
En général, les habitants de Gaza ne profitent pas de leur mois de congé, ils sont obligés de rester enfermés dans leur prison à ciel ouvert.
Pour la majorité de ces habitants, la plage de Gaza restera le seul endroit pour eux où passer quelques heures par jour afin d’oublier les difficultés quotidiennes.
En fait, la plage attire les familles, les jeunes et les habitants de toute la bande de Gaza qui viennent y passer des heures. Ils fuient la chaleur et les coupures d’électricité, et oublient le stress d’une année de travail ou d’étude voire une année de souffrance.
Dans cette région sous blocus, il n’y a pas d’autres endroits ni d’autres lieux touristiques et historiques. Et de plus, les villages situés à la campagne au sud et au nord de la bande de Gaza, sont proches des zones tampons imposées et contrôlées par l’armée israélienne qui peut tirer à tout moment sur les habitants.
Pendant leurs vacances scolaires, les enfants de Gaza n’ont pas de vrais clubs ni de structures éducatives. A part quelques associations qui s’occupent d’eux et quelques bibliothèques publiques, ils passent leur temps soit à jouer devant leur maison et dans des quartiers souvent surpeuplés, soit à accompagner leur famille sur la plage où se déroulent souvent les colonies de vacances et les camps d’été organisés pour eux.
Les jeunes qui souffrent du chômage et de l’absence de perspectives, passent leur temps, soit dans les cafés ou devant leur maison, à changer sur un avenir sombre pour eux, soit ils se retrouvent nombreux sur la plage, car les stades et les centres de loisirs disponibles ont été détruits par les différents bombardements israéliens, même les quelques centres qui existent n’ont pas les moyens pour attirer ces jeunes.
Avec le blocus, et les coupures d’électricité permanentes, les familles ont annulé les visites familiales et préfèrent passer beaucoup de leurs journées sur la plage de Gaza.
Même l’accès à ce seul endroit de loisir et de détendre est quelquefois difficile et dangereux, avec la présence de la marine israélienne qui pourrait tirer à tout moment. Sans oublier que quelques fois les difficultés économiques empêchent beaucoup de gens de se rendre en ce seul lieu de respiration, s’ajoute à tout cela les problèmes sanitaires sur la plage.
On ne peut pas oublier que le tourisme interne n’est pas développé dans la bande de Gaza et que l’accès aux quelques sites et lieux touristiques en Cisjordanie est presque impossible pour les Gazaouis depuis 2000, donc l’orientation vers la plage de Gaza restera le seul choix.
Heureusement que la mer existe dans la bande de Gaza, sinon les habitants étoufferaient.
Les Palestiniens de Gaza espèrent et espèrent : ils espèrent une ouverture, ils espèrent vivre une vie normale, ils espèrent la fin du blocus, ils espèrent passer leurs vacances comme les autres, et ils espèrent la liberté et la paix.