Bibyshe a reçu son visa hier matin, a pris l’avion hier soir et est accueillie aujourd’hui par Yves-Jean Gallas et Michel Thouzeau du Mouvement de la Paix de Paris. Voici quelques infos recueillies par Michèle Decsater de l’AFASPA lors du Forum Social Mondial 2013 à Tunis:
Rencontre avec Bibyshe Takubusoga
Pour témoigner de la situation des femmes du Sud-Kivu et de l’action de son association, cette militante des droits des femmes a fait bien des démarches pour décrocher le financement d’un périple qui l’a conduite de Kinshassa à Adis Abéba et en passant par Le Caire avant d’arriver à Tunis au Forum Social Mondial. Elle est intervenue dans l’atelier que l’AFASPA et le Mouvement de la Paix ont ouvert sur le thème « Résolution des conflits en Afrique, quelle place et quels rôles pour les femmes? ».
Née à Bukavu il y a 43 ans d’une mère agricultrice et d’un père greffier, Bibyshe a suivi des études secondaires dans le commercial et l’administration, puis elle a obtenu une licence de gestion financière, management de projet. Elle est aujourd’hui secrétaire à l’Institut Supérieur de Pédagogie.
Elle est d’autre part Secrétaire exécutive de l’association ARSFEMMES (Association pour la Réinsertion Sociale des Femmes) qui développe ses activités sur le territoire de Mwenga. Créée le 23 mai 2003 par 2 femmes, elle compte aujourd’hui une dizaine de militantes qui mènent des activités de formation en direction des femmes. Elles ont ainsi accompagné environ 250 femmes suite à des violences sexuelles, pour des actions de prévention du VIH Sida ou pour les informer de leurs droits. Elles travaillent aussi à la résolution des conflits.
Leur stratégie: la priorité dans l’alphabétisation des femmes, des filles et des garçons.
Elles ne se sont pas encore saisi du Protocole des droits des femmes en Afrique mais c’est en perspective.
Principales difficultés rencontrées pour les actions:
- Les financements qu’il faut rechercher auprès des bailleurs de fonds. Elles en ont obtenu un de la Fondation de France pour une année sur leur action d’accompagnement psycho-social, un autre du Fond des Femmes Africaines pour un centre d’alphabétisation des femmes promotrices de Paix et un séminaire plaidoyer des femmes leadership avec les autorités locales pour l’égalité des droits. Ces actions revêtent une grande importance car ces femmes des campagnes s’instruisent sur leurs droits et font passer le message dans la population. Elles prennent de l’assurance pour participer aux prises de décisions, ce qui n’est pas habituel, et pour revendiquer leurs droits. Le 8 mars les femmes ont demandé des formations juridiques.
- Une grande difficulté réside dans les efforts demandés aux stagiaires pour quitter leurs foyers 4 jours (du lundi au jeudi). Elles doivent s’assurer de la prise en charge de leurs enfants et assurer leur nourriture alors qu’elles vont perdre des journées de travail. Il y a surtout l’insécurité pendant les déplacements pour venir au lieu de formation et rentrer chez elles. Elles doivent faire de 2 à 5 km dans la brousse.
- Le niveau scolaire des femmes est très bas. L’école n’est pas prioritaire dans ces régions d’autant plus pour les filles. Les horaires scolaire sont 7h30/13h. Souvent les fillettes privilégient les travaux des champs ou les petits commerces. Il faudrait sensibiliser les populations à l’importance de l’école.
Les effets de l’action de l’association
Les militantes sont encouragées par les effets bénéfiques sur des femmes qui ont suivi leurs formations génératrices de revenus plus importants permettant aux femmes de scolariser leurs enfants. Elle cite le cas de 5 femmes. L’une vendait du charbon de bois. Elle s’est mise à cultiver des légumes et les a commercialisées ce qui a augmenté ses revenus. Une autre faisait de la petite friture vendue dans la rue, elle a été formée à la vente et à passer des commandes de poissons plus gros. Elles ont aussi été formées à la fabrication de savon, produit très cher, qu’elles ont vendu. Une femme, abandonnée par son mari a pu faire suivre des études universitaire à son fils.
L’association jouit aujourd’hui d’une reconnaissance des autorités locales, mais non des organismes internationaux. Souvent leurs projets sont refusés. L’un d’eux a été plagié et financé à une organisation.
Ce que le Forum lui a apporté:
Prise de contacts et échanges avec des personnes et des organisations.
Faire connaître la situation des femmes de sa région et l’action menées par l’association.
Découvrir comment se passe un Forum.