Publié dans Le Monde le 21 septembre 2013: « Révélations sur la bombe H qui a failli détruire New York » (voir l’article original ici).
Révélations sur la bombe H qui a failli détruire New York
Une bombe atomique américaine 260 fois plus puissante que celle d’Hiroshima a failli exploser en janvier 1961 en Caroline du Nord, selon un document « déclassifié » repris vendredi 20 septembre par le Guardian.
Selon ce rapport obtenu par le journaliste Eric Schlosser en vertu de la loi sur le droit d’informer, un bombardier B-52 s’est alors disloqué en vol, laissant échapper deux bombes Mark 39 à hydrogène au-dessus de Goldsboro.
L’une des deux s’est comportée exactement comme si elle avait été larguée intentionnellement, malgré les mécanismes de sécurité. Son parachute s’est ouvert et le processus de mise feu s’est enclenché. La catastrophe a été évitée d’extrême justesse grâce à un modeste interrupteur à faible voltage.
DÉNI DES AUTORITÉS
Washington, Baltimore, Philadelphie et même New York auraient pu être touchées, ce qui représente plusieurs millions d’habitants. A l’époque, l’incident a donné lieu à d’intenses spéculations quant à sa gravité, mais les autorités américaines ont toujours nié que des vies aient été menacées en raison de mesures de sécurité insuffisantes.
Dans le rapport rédigé huit ans après, Parker Jones, ingénieur aux laboratoires nationaux de Sandia chargés de la sécurité mécanique de l’arsenal nucléaire, écrit que trois des quatre dispositifs censés empêcher une mise à feu accidentelle n’ont pas fonctionné correctement.
« La bombe MK 39 Mod 2 ne possédait pas les mécanismes de sécurité appropriés pour un usage aéroporté à bord d’un B-52 », conclut-t-il dans ce rapport intitulé « Goldsboro revisité, ou comment j’ai appris à ne méfier de la bombe H » – en référence du sous-titre du film Docteur Folamour. Eric Schlosser l’a découvert au cours de recherches en vue de la rédaction d’un ouvrage sur la course aux armements, précise le Guardian.