Mediapart le confirme: La guerre en RDC est pilotée par des “multinationales anglo-saxonnes et belges”. Commentaire publié sur le site de Kongo Times! (voir l’article original ici).
Mediapart le confirme: La guerre en RDC est pilotée par des “multinationales anglo-saxonnes et belges”
Le drame de l’Est de la République démocratique du Congo s’est désormais déporté sur les grands médias internationaux. Le monde s’est finalement souvenu de six millions de morts de l’Est de la RDC. Le célèbre site français d’investigation, Mediapart, a consacré toute une enquête sur le “conflit oublié” de la RDC et ses “millions de morts”. Comme d’autres voix qui ont eu à condamner ce désastre, Mediapart pense que le conflit de l’Est est piloté par des “multinationales anglo-saxonnes et belges” qui n’ont pour seul objectif que l’exploitation illégale et illicite des ressources naturelles de la RDC. Mediapart, qui cite l’International Rescue Committee, est d’avis que le conflit de la RDC a battu tous les records en termes de nombre de victimes qui s’élèvent à des millions.
“Ce conflit serait le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale”, soutient-il. Au-delà de la guerre récurrente qui ronge cette partie de la RDC, Mediapart y voit également l’ombre de la “balkanisation lente voulue par les grandes puissances au travers d’une politique de chaos sciemment organisée”, et ce, “sous les yeux impuissants de l’ONU accusée d’être complice”.
Le site français est convaincu que tout a été mis en place au niveau international pour affaiblir davantage la RDC et ne pas lui permettre d’administrer correctement son territoire. “Un État fort, démocratique qui contrôle ses matières premières et influe sur les prix du marché est devenu la hantise de celles-ci”, rappelle-t-il. Ce qui confirme noir sur blanc la thèse de la conspiration internationale dont est victime la RDC.
Pendant longtemps, Le Potentiel a relayé cette thèse, s’attirant par moments la foudre de certains milieux, nationaux et internationaux, impliqués directement ou indirectement dans le projet de démantèlement de la RDC. Aujourd’hui, c’est en Occident que se passe le débat. Ainsi sonne le glas d’un complot, voué désormais à l’échec.
Voici l’intégralité de l’article repris dans le site de Mediapart.fr:
RDC: des millions de morts, un conflit oublié!
15 juillet 2013 – Sam Le Touch
Dans le silence médiatique le plus scandaleux, la population d’un pays nommé RDC en Afrique est livrée aux pires exactions. La population civile est la cible d’exterminateurs chargés de nettoyer le terrain pour le compte de multinationales à majorité anglosaxonnes et belges selon un rapport de l’ONU de 2003 (Ces sociétés qui pillent la République Démocratique du Congo; La guerre du coltan en RDC – Infoguerre; Les métaux contenus dans les téléphones mobiles servent à financer une guerre d’une grande brutalité au Congo; Congo: Banque mondiale et multinationales ont organisé le super-pillage des matières premières; et aussi The Lutundula Report (December 2005); Rights and Accountability in Development (RAID): The Unanswered Questions: Companies, Conflict and the Democratic Republic of the Congo (May 2004)). Il s’agit ni plus ni moins que de faire fuir les populations dans les zones minières convoitées par des multinationales. Les armes utilisées sont le viol des femmes organisé par les rebelles en provenance du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi (Funding a Women’s Movement Against Sexual Violence in the Democratic Republic of Congo: 2004-2009) mais aussi par les forces loyalistes (Le Firago RDC: les soldats armés qui sont porteurs du Sida sont payés deux fois plus cher pour violer) quand il ne s’agit pas tout simplement de l’extermination pure et simple des populations vivants dans les villages situés au sein de régions minières convoitées. Le bilan s’élève à des millions de morts (Caritas). Selon l’International Rescue Committee ce conflit serait le plus meurtrier depuis la seconde guerre mondiale.
Et la guerre semble reprendre sous les yeux impuissants de l’ONU accusée d’être complice d’une balkanisation lente voulue par les grandes puissances au travers d’une politique de chaos sciemment organisé. Un État fort, démocratique qui contrôle ses matières premières et influe sur les prix du marché est devenu la hantise de celles-ci.
(cf.la vidéo de Greenpeace avec Marion Cotillard ci-dessous).
Pour se faire une idée du chaos actuel qui règne à l’Est de la RDC, il suffit de prendre l’actualité du jour au 14 et 15 juillet 2013:
- RDC: plus de 55.000 Congolais se sont réfugiés en Ouganda en deux jours
- Nord-Kivu: la localité de Kikingi sous contrôle des rebelles ougandais de l’ADF Nalu
- Nord-Kivu: l’ADF/Nalu occupe Kikingi et 7 000 personnes fuient des exactions des rebelles
- Nord-Kivu: les ADF Nalu ont tué 10 personnes à Kikingi et Kamango en une semaine
- RDC: les FARDC affrontent aussi les islamistes ougandais et shebab somaliens au Nord-Kivu
…Cependant, le groupe de réflexion jugeait que l’existence d’une coopération directe entre les shebab et les ADF restait “une hypothèse, d’autant plus que le gouvernement ougandais instrumentalise la menace terroriste à des fins intérieures et extérieures”. Dans un rapport daté du 20 juin, des experts de l’ONU sur la RDC écrivaient: “deux anciens combattants de l’ADF et les services de renseignement ougandais affirment que l’ADF a reçu des virements en provenance de Londres, du Kenya et de l’Ouganda, rassemblés par des intermédiaires congolais à Beni et Butembo”, au Nord-Kivu… (ajout du 17.07.13)- RDC: la Monusco “profondément préoccupée” par l’attaque du M23 à Mutaho
- Nord-Kivu: des combats entre FARDC et M23 à Mutaho, “paralysent des activités à Sake”
- RDC: 120 rebelles du M23 et plus de 10 militaires tués à Mutaho, selon Lambert Mende
- Nord-Kivu: deux groupes armés occupent deux secteurs du territoire de Walikale
- Sud-Kivu: 3 combattants capturés après un échange de tirs entre Maï-Maï et FARDC
- Nord-Kivu: des ménages se réfugient à l’hôpital, après combats entre FARDC et Maï-Maï à Nyamilima
- RDC: la MONUSCO appelle à “la retenue afin d’éviter une escalade de la situation autour de Goma”
- RDC: la ministre française de la Francophonie dénonce les “escadrons de porteurs du Sida”
Plusieurs étapes pour comprendre ce conflit (cf. le film plus haut):
- L’armée française, après les avoir soutenus, exfiltre les génocidaires rwandais en juillet 1994 en RDC sous le gouvernement du dictateur Mobutu acquis à l’époque à l’autorité française et lâché par les USA. Les forces génocidaires rwandaises continuent à massacrer les populations au Rwanda à partir de la RDC.
- Le Rwanda prend ce prétexte pour envahir le Congo avec le soutien des Etats-Unis et des britanniques. Il est épaulé par l’Ouganda son grand allié et lui-même soutenu par les USA. Sur leur passage les forces rwandaises et ougandaises massacrent les populations qui ont fui le Rwanda prises en otage par les anciennes forces génocidaires rwandaises en RDC puis prennent la direction de la capitale : Kinshasa. Elles en profitent aussi pour s’installer dans les régions riches en ressources minières de l’Est de la RDC où elles se livrent aux pires exactions. Le 8 octobre 1997, Human Rights Watch et la Fédération internationale des droits de l’homme affirment détenir “la preuve matérielle irréfutable” de massacres perpétrés dans l’est de l’ex-Zaïre par l’AFDL de Kabila et le FPR-APR, alliés rwandais. Les troupes rwandaises finissent par imposer à la tête du pays: Laurent Désiré Kabila (alias le Mzee) en 1997.
- En 1998: le Mzee se retourne contre ses anciens alliés rwandais et s’appuie sur une coalition hétéroclite soutenue par la France (Angola, Zimbabwe,…) contre une coalition rwandaise et ougandaise anglo-saxonne (USA, Grande-Bretagne, Belgique: Pourquoi les Occidentaux soutiennent le Rwanda et l’Ouganda). Cette guerre terrible de libération de la RDC entre 1998 à 2003 aurait fait plus de 4 millions de morts.
- En 2001, le Mzee est assassiné dans des circonstances mal élucidées et dont les commanditaires n’ont pas été retrouvées faute de réelle intention judiciaire et politique. Le Mzee est remplacé par son fils qui a combattu avec les forces rwandaises. Il s’ensuit une poursuite du pillage de l’Est de la RDC par rebelles interposés soutenus ou prétendument combattus par les pays frontaliers (Rwanda, Ouganda, Burundi).
- Depuis 2005, la guerre soutenue par les grandes puissances et leurs multinationales se poursuit à l’Est pour le contrôle des richesses minières faramineuses (or, Coltan, Diamants, …). Les rebelles pullulent armés par le Rwanda, l’Ouganda qui profitent du chaos dans la sous-région tandis que le régime en place à Kinshasa est accusé de laisser faire en étant le vassal du Rwanda et de l’Ouganda. Les forces loyalistes sont accusées tout autant que les rebelles soutenus ou combattus par le Rwanda ou l’Ouganda de recourir aux viols et aux massacres contre les populations locales.
A voir aussi:
Un mode de pillage des forêts par les multinationales européennes en RDC (Greenpeace). Cf le rapport de l’ONG Global Witness L’art de l’exploitation industrielle au Congo: comment les compagnies forestières abusent des permis artisanaux pour piller les forêts de la République Démocratique du Congo.
Du sel et du savon par gpfranceA lire aussi:
ONU
- Rapport du Groupe d’experts sur l’exploitation illégale des richesses en RDC (2003)
- Rapport Mapping (PDF) 2010
Rapport du Projet Mapping concernant les violations les plus graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire commises entre mars 1993 et juin 2003 sur le territoire de la République démocratique du Congo- RDC: des bébés victimes de viol, selon un rapport de l’ONU.
Le document décrit l’horreur vécue par des femmes et des enfants en Somalie et en République démocratique du CongoRéponses au rapport:
- Congolese Government
- Rwandan Government (in English)
Rapport du Parlement de RDC
Global Witness
- Les métaux contenus dans les téléphones mobiles servent à financer une guerre d’une grande brutalité au Congo
Les métaux contenus dans des appareils électroniques utilisés au quotidien, tels que les téléphones mobiles et les ordinateurs, sont exploités illégalement en République démocratique du Congo (RDC) et financent un conflit responsable de millions de morts, a déclaré Global Witness le jour de l’ouverture du Congrès mondial de la téléphonie mondiale qui se tient à Barcelone. Malgré toute une série de rapports de haut niveau publiés par les Nations Unies qui renseignent sur les liens entre les minerais et le conflit, les entreprises qui réalisent des bénéfices colossaux grâce à la vente de téléphones mobiles et d’autres appareils électroniques ne font pratiquement rien pour s’assurer que les composants de leurs produits ne proviennent pas de régions contrôlées par des groupes armés.- Des victimes congolaises déposent un recours collectif contre une compagnie minière canadienne
- Des victimes congolaises du massacre de Kilwa réclament justice à la Cour suprême du Canada
L’Association canadienne contre l’impunité (ACCI), a exprimé sa profonde déception suite à la décision prise la semaine dernière par la Cour d’appel du Québec rejetant la décision de la Cour Supérieure du Québec dans la cause qui l’opposait à Anvil Mining. Tout en reconnaissant les difficultés rencontrées par les victimes dans leur tentative pour obtenir justice, la Cour d’appel a statué que le Québec ne disposait pas de la législation nécessaire pour entendre leur cause.- La guerre et la militarisation du secteur minier dans l’Est du Congo
- De nouvelles recherches de Global Witness révèlent l’implication de militaires de haut rang dans le commerce de l’or dans l’est du Congo
- La loi sur les hydrocarbures devant le parlement de la RD Congo n’est pas en mesure d’arrêter la corruption ou les dommages environnementaux
- L’art de l’exploitation industrielle au Congo: comment les compagnies forestières abusent des permis artisanaux pour piller les forêts de la République Démocratique du Congo
- Les actionnaires d’ENRC devraient rejeter un marché de 550 millions de dollars au Congo
Human Rights Watch
- La meurtrière force rebelle du Rwanda
- RD Congo: Des crimes de guerre ont été perpétrés par le M23 et par l’armée congolaise
Des rebelles du M23 et des militaires de l’armée congolaise ont violé des dizaines de femmes et ont commis d’autres crimes de guerre pendant l’occupation par les rebelles de la ville de Goma, située dans l’est de la République démocratique du Congo à la fin de l’année 2012. Les pourparlers en cours entre les parties au conflit, les pays de la région et les Nations Unies doivent faire en sorte d’aboutir à un accord prévoyant que les responsables de crimes soient poursuivis en justice et que les commandants rebelles ayant des antécédents d’abus ne servent pas dans l’armée congolaise.- RD Congo: La longue série d’atrocités commises par Bosco Ntaganda se termine devant la CPI
- Témoignages: violences sexuelles en RD Congo