Communiqué de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RD Congo à propos du Marche Mondiale des Femmes 2010 (original ici) “Bukavu: Marche Mondiale des Femmes“
Bukavu, 18 octobre 2010 – Paix et démilitarisation, c’est le thème principal de la troisième Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes dont les activités se sont tenues à Bukavu dans la province du Sud-Kivu du mercredi 13 au dimanche 17 octobre 2010. Des milliers de personnes, parmi lesquelles la Première Dame de la République Démocratique du Congo Mme Olive Lembe Kabila, y ont pris part.
Le mercredi 13 octobre 2010, l’Athénée d’Ibanda à Bukavu a servi de cadre au lancement des activités de clôture de la troisième Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes commencée le 8 mars de cette année. Environ 250 représentants de 48 pays et près de 1500 délégués des autres provinces de la République Démocratique du Congo ainsi que des officiels de la province hôte ont assisté à la cérémonie.
Dans son mot de circonstance, Mme Miriam Nobre, coordonnatrice du Secrétariat International de la Marche Mondiale des Femmes, a circonscrit cet évènement de portée mondiale. La Marche Mondiale des Femmes (MMF) est un mouvement mondial d’actions féministes visant à lutter contre les inégalités et les discriminations basées sur le genre, particulièrement celles vécues par les femmes. Son objectif est de créer un monde qui repose sur l’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix. La première Action a eu lieu en l’an 2000, suivi d’une autre en 2005. Depuis son début le 8 mars 2010, la troisième Action a tenu “des débats et des actions régionales aux Philippines pour l’Asie, en Turquie pour l’Europe, et en Colombie pour les Amériques” a-t-elle fait savoir.
Le jeudi 14 et vendredi 15 octobre, les participants se sont réunis en panels pour réfléchir sur le bien commun et les services publics, la violence envers les femmes, le travail des femmes et l’autonomie économique des femmes, et plus globalement sur la paix et la démilitarisation.
La coordonnatrice du Secrétariat International de MMF a révélé que le choix de Bukavu pour abriter les cérémonies de clôture de cette troisième Action a été motivé par la détermination à arrêter en République Démocratique du Congo “cette situation où le corps des femmes est devenu un territoire de guerre.”
Un choix de lieu salué par la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant Mme Marie-Ange Lukiana, pour qui “la promotion de la condition de la femme en RDC, et particulièrement à l’est du pays, est une affaire de tous et un défi capital pour le monde.” Plus que des discours, Mme Lukiana a martelé la nécessité des actions concrètes dans “la lutte (…) contre les violences faites aux femmes et l’éradication de la féminisation de la pauvreté.”
Le message de Mme Michelle Bachelet, Sous-secrétaire Générale des Nations Unies de l’ONU Femmes, lu pour la circonstance, a relevé que, au niveau politique, la résolution 1325 adopté en 2000 par le Conseil de Sécurité et les résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité qui l’ont suivie, “évoquent une compréhension renouvelée des relations entre les femmes, la paix et la sécurité. Elles appellent également à la transformation de nos actions tournées vers la participation et l’engagement des femmes dans le processus de paix, les opérations de désarmement, de réforme du secteur de la sécurité, de la planification post-conflit, et de la justice transitionnelle.” Et la Sous-secrétaire Générale de noter que “le soutien renouvelé de la communauté internationale pour l’autonomisation économique des femmes, leur participation au processus de décision et la protection de leurs droits, est aujourd’hui déterminant dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, en particulier en République Démocratique du Congo…”
Dans son adresse, le Gouverneur de la province hôte, M. Marcellin Cishambo Ruhoya, a reconnu que “les quatre axes de travail de la Marche Mondiale, à savoir paix et démilitarisation, travail des femmes, violences envers les femmes, biens communs et services publics, cadrent bien avec les préoccupations des populations congolaises.” Le gouverneur Cishambo a porté son regard au-delà des ressources énergétiques, minières, agricoles et touristiques dont regorge le Sud-Kivu, pour voir dans les femmes “un grand potentiel (…) prêt à voir le Congo se redresser.”
Pour la Première Dame de la RDC Mme Olive Lembe Kabila, qui a ouvert les activités, “la présence dans ce cadre des (…) délégués venant de 48 pays (…) traduit la détermination et la volonté des hommes et des femmes épris de paix et de justice de dénoncer les attaques menées à l’encontre des populations civiles, particulièrement des femmes et des enfants, et d’exprimer par la même occasion leur désaveu contre toutes les formes des violences faites à la femme.” Aussi, les organisatrices de ces activités se sont-elles rendues le samedi 16 octobre à Mwenga, territoire situé au Sud-ouest de Bukavu, pour saluer la mémoire des femmes enterrées vivantes en 1998. Mme Olive Lembe Kabila a par ailleurs sollicité l’implication de tous pour la réalisation des quatre piliers de la Marche Mondiale des Femmes et a invité “tous les décideurs à se joindre à la voix de la femme du monde pour que finalement des mesures concrètes soient prises et que des mécanismes appropriés soient mis en place afin de voir les résolutions 1325, 1820, 1888 et 1889 [du Conseil de Sécurité des Nations Unies] rentrer en application.”
En soutien à la Marche Mondiale des Femmes, la MONUSCO a facilité le transport aérien d’une centaine de représentants de la Société Civile et des officiels du gouvernement venus de toutes les provinces de la République Démocratique du Congo. 800 kilos de matériels didactiques destinés aux stands de la MMF ont été acheminés de Kinshasa à Bukavu par vols MONUSCO. La Mission des Nations Unies en RDC a également mis à la disposition de la Marche deux de ses hélicoptères ainsi que plusieurs véhicules pour une cérémonie le 16 octobre à Mwenga, territoire au Sud-ouest de Bukavu, en mémoire des femmes enterrées vivantes en 1998. Les conditions météorologiques n’ont pas permis aux vols d’avoir lieu. Par ailleurs, au regard de la pénurie aiguë d’eau que connaît la ville, la MONUSCO a assuré la fourniture quotidienne de 15000 litres d’eau pour les différents besoins de la MMF. En outre, la contribution de la MONUSCO à la MMF incluait un groupe électrogène de 55 Kva, des tentes, des chaises ainsi quéun dispositif sécuritaire conjoint avec la Police Nationale Congolaise et les FARDC pour une réponse rapide, le cas échéant.
Pour clore les activités, le dimanche 17 octobre, une marche de plusieurs milliers de femmes est partie de Kadutu, Ibanda et Bagira, les trois communes de la ville, pour converger vers la Place de l’Indépendance, en harmonie avec leur slogan “tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche.”